SÉVILLE (histoire de l’art)

SÉVILLE (histoire de l’art)

SÉVILLE, histoire de l’art

Des conditions politiques et économiques exceptionnellement favorables ont fait de Séville une riche ville d’art. À deux reprises, elle joua un rôle de capitale: d’abord pour les possessions ibériques de la dynastie almohade, puis, après sa reconquête sur l’Islam, en 1248, comme séjour préféré de plusieurs souverains du royaume de Castille et León. Sur le plan économique, la décision prise en 1503 par les Rois Catholiques d’installer dans la ville l’organisme de contrôle du commerce des Indes, la Casa de Contratación de Indias (chambre de commerce), en fit la porte de l’Amérique espagnole.

La dynastie almohade nous a laissé l’admirable Giralda (1184-1198), la sœur de la Koutoubia de Marrakech, et elle commença la construction du palais-forteresse de l’Alcázar (petit Patio del Yeso). L’essentiel du palais est cependant l’œuvre du roi de Castille Pierre le Cruel (1350-1369), qui prit modèle sur l’Alhambra de Grenade et confia l’exécution du travail à des architectes et à des artisans mudéjars.

L’art gothique est représenté par plusieurs églises paroissiales — la plus ancienne étant Santa Ana, dans le faubourg de Triana — et, surtout par la cathédrale, immense édifice commencé en 1412, d’une grande rigueur de conception et de réalisation, que les siècles se sont plu à décorer. Souvent, dans l’architecture religieuse des XIV^e et XV^e siècles, des éléments mudéjars se mêlent aux éléments gothiques pour donner naissance à de séduisantes synthèses. Après la prise de Grenade, il y eut même un renouveau de l’art mudéjar qui est à l’origine de deux beaux palais: le Palacio de las Dueñas et la Casa de Pilatos.

Tous les styles issus de la Renaissance — du plateresque au rococo, en passant par le baroque — concoururent à la parure de la ville après qu’elle fut devenue, au début du XVI^e siècle, une très grande place marchande. L’hôtel de ville, construit autour de 1530, possède une plastique brillante et raffinée, à l’opposé du style sévère de l’Escurial ou de la Loge des marchands (1584-1598). Également dans la seconde moitié du XVI^e siècle, on vit naître deux monuments remarquables: l’hôpital de la Sangre, ou des Cinq-Plaies, et l’église des Jésuites. Le rythme des constructions demeura soutenu jusqu’à la décadence économique de la ville, et même un peu au-delà: palais archiépiscopal, palais de San Telmo, hôpital des Venerables Sacerdotes, Manufacture des tabacs.

Quelques œuvres maîtresses de la peinture espagnole du Siècle d’Or méritent à elles seules le voyage de Séville: des retables à la cathédrale; au musée des Beaux-Arts, trois remarquables ensembles concernant respectivement Zurbarán, Murillo et Valdés Leal; à l’hôpital de la Charité enfin, un cycle de Murillo et les allégories des Fins dernières de Valdés Leal.

Encyclopédie Universelle. 2012.